Dunod - Les dix plaies d'Internet - Dominique Maniez - Les alternatives à  google - page 24
LES ALTERNATIVES À GOOGLE J’entends déjà les belles âmes dire : « C’est bien beau de critiquer, mais que proposez-vous à la place ? ». Il faut bien le reconnaître : Google est rapide et demeure pour l’instant moins mauvais que ses concurrents. Indépendamment du côté technique, il ne faut pas croire non plus que Yahoo! ou bien Live Search, le moteur de recherche de Microsoft, aient un comportement bien plus éthique. Ces deux moteurs gagnent de l’argent aussi à l’aide d’une régie publicitaire et affichent des liens sponsorisés, avec tous les problèmes que cela pose. Yahoo! a même été accusé d’avoir collaboré avec le gouvernement chinois et d’avoir ainsi contribué à l’emprisonnement de dissidents chinois. Mais au nom de la lutte contre les monopoles, nous devrions au moins nous astreindre à ne pas toujours utiliser Google et à ne pas en faire notre page d’accueil, ainsi qu’à proscrire la barre d’outils Google. Cela relève pour moi de l’hygiène mentale. De la même manière que les pouvoirs publics ont lancé un projet de bibliothèque européenne, l’Europe devrait lancer un moteur de recherche. Le projet Quaero existe déjà bel et bien, mais il n’est pas certain qu’il arrive à terme et satisfasse vraiment les utilisateurs. Le moteur de recherche Exalead1 qui est issu de ce projet est certes opérationnel et comporte des fonctionnalités prometteuses, mais il affiche aussi des liens sponsorisés. L’Europe a pourtant les moyens de créer un moteur de recherche indépendant et sans liens publicitaires. Ce moteur de recherche devrait être libre, au sens du logiciel libre, c’est-à-dire que l’on connaîtrait exactement ce qu’il fait grâce à la disponibilité du code source de son programme. En clair, aucune opacité, mais de la transparence. La critique de Google doit aussi réhabiliter les autres formes plus traditionnelles du savoir et battre en brèche l’illusion que toute la connaissance se trouve sur Internet. Il existe aussi dans notre beau pays de grands réservoirs d’informations qui sont presque gratuits et que l’on appelle bibliothèques. La plupart des catalogues de bibliothèques sont accessibles en ligne et on peut donc effectuer des recherches depuis chez soi. Dans ces catalogues, il n’y a pas de liens publicitaires et l’indexation des documents n’a pas été faite par un algorithme, mais par des bibliothécaires. Et en attendant que Google Book Search ait terminé son grand oeuvre, de nombreux ouvrages ne sont encore disponibles que dans les bibliothèques physiques et non pas virtuelles. Fré- 1. www.exalead.fr/search