LES ALTERNATIVES À GOOGLE
J’entends déjà les belles âmes dire : « C’est bien beau de critiquer, mais
que proposez-vous à la place ? ». Il faut bien le reconnaître : Google est
rapide et demeure pour l’instant moins mauvais que ses concurrents.
Indépendamment du côté technique, il ne faut pas croire non plus que
Yahoo! ou bien Live Search, le moteur de recherche de Microsoft,
aient un comportement bien plus éthique. Ces deux moteurs gagnent
de l’argent aussi à l’aide d’une régie publicitaire et affichent des liens
sponsorisés, avec tous les problèmes que cela pose. Yahoo! a même été
accusé d’avoir collaboré avec le gouvernement chinois et d’avoir ainsi
contribué à l’emprisonnement de dissidents chinois. Mais au nom de la
lutte contre les monopoles, nous devrions au moins nous astreindre à
ne pas toujours utiliser Google et à ne pas en faire notre page d’accueil,
ainsi qu’à proscrire la barre d’outils Google. Cela relève pour moi de
l’hygiène mentale.
De la même manière que les pouvoirs publics ont lancé un projet de
bibliothèque européenne, l’Europe devrait lancer un moteur de recherche.
Le projet Quaero existe déjà bel et bien, mais il n’est pas certain
qu’il arrive à terme et satisfasse vraiment les utilisateurs. Le moteur de
recherche Exalead1 qui est issu de ce projet est certes opérationnel et
comporte des fonctionnalités prometteuses, mais il affiche aussi des
liens sponsorisés. L’Europe a pourtant les moyens de créer un moteur de
recherche indépendant et sans liens publicitaires. Ce moteur de
recherche devrait être libre, au sens du logiciel libre, c’est-à-dire que
l’on connaîtrait exactement ce qu’il fait grâce à la disponibilité du code
source de son programme. En clair, aucune opacité, mais de la transparence.
La critique de Google doit aussi réhabiliter les autres formes plus
traditionnelles du savoir et battre en brèche l’illusion que toute la connaissance
se trouve sur Internet. Il existe aussi dans notre beau pays de
grands réservoirs d’informations qui sont presque gratuits et que l’on
appelle bibliothèques. La plupart des catalogues de bibliothèques sont
accessibles en ligne et on peut donc effectuer des recherches depuis
chez soi. Dans ces catalogues, il n’y a pas de liens publicitaires et
l’indexation des documents n’a pas été faite par un algorithme, mais
par des bibliothécaires. Et en attendant que Google Book Search ait
terminé son grand oeuvre, de nombreux ouvrages ne sont encore disponibles
que dans les bibliothèques physiques et non pas virtuelles. Fré-
1. www.exalead.fr/search