recherche sur un bien matériel susceptible d’être vendu, on trouve au
sommet de la liste des sites commerciaux plutôt que des sites de
consommateurs donnant leur avis sur ce produit. À cet égard, le fonctionnement
du moteur de recherche est parfois assez étrange : si vous
saisissez comme formule de recherche « avis commentaire sur
produit X », vous aurez la surprise de voir s’afficher dans la liste de
résultats des pages qui parlent bien du produit X en question, mais où
ne figurent pas toujours les termes « avis » et « commentaire ».
L’explication est donnée quand on affiche la page en cache où une
mention nous indique que « ces termes apparaissent uniquement dans
les liens pointant sur cette page ». Ainsi, Google modifie sans nous
demander notre avis l’équation de recherche et biaise de ce fait l’affichage
des résultats.
Mais le plus grave dans tout cela est qu’une majorité d’internautes
ne sont pas conscients de la différence entre les liens commerciaux et
les résultats de la recherche. En effet, une étude américaine1 (Pew
Internet & American Life Project) publiée en 2005 montre que 62 %
d’Américains ne font pas cette distinction. À ma connaissance, de telles
études n’ont pas été menées en France, mais il n’est pas vraiment
certain que nos compatriotes soient plus éclairés.
Google est très fier de son modèle de régie publicitaire, baptisé
Adwords, car c’est aussi un champion de la démocratie. Ce système est
basé sur le principe des enchères : les annonceurs achètent des mots
clés et proposent une certaine somme pour ces mots clés. Le lien commercial
qui sera affiché en haut de la liste sera celui qui a fait l’enchère
la plus élevée. Ce mécanisme est cependant pondéré par la popularité,
Google privilégiant les enchères sur lesquelles les internautes cliquent
le plus souvent. Google prétend qu’avec son système les PME peuvent
ainsi rivaliser avec les multinationales. Google a certes eu une idée
marketing de génie en proposant aux annonceurs des publicités extrêmement
ciblées et, d’un strict point de vue commercial, cela paraît plutôt
sensé de proposer à un internaute d’acheter des raquettes de tennis
quand il a saisi ce terme dans le moteur de recherche. Mais ce bel agencement
qui assure plus de 95 % du chiffre d’affaires de Google comporte
quelques faiblesses qui le rendent éminemment suspect. Je ne
souhaite pas ici parler du fait que certains partis politiques français
achètent des mots clés bizarres (comme le terme « émeute ») ou bien
que les mots clés les plus chers aient parfois un drôle d’arrière-goût
(dans Google Story, David Vise raconte qu’un des termes les plus chers,
« mésothéliome », qui est une forme de cancer dû à l’amiante, est
1. http://www.pewinternet.org/pdfs/PIP_Searchengine_users.pdf