le monde en technolâtres et en technophobes. Les premiers vivent en
général d’Internet et cherchent à évangéliser le maximum de fidèles
quand les seconds jettent un regard très critique sur ce nouveau mode
de communication dont, bien souvent, ils ne maîtrisent pas toutes les
subtilités technologiques. Existe-t-il une troisième voie entre anathème
et technolâtrie qui consisterait à montrer comment mieux utiliser
ce fantastique outil ? Est-il envisageable de redonner aux
internautes le sens critique qu’ils ont tendance à perdre quand ils surfent
sur la Toile ? En tous les cas, c’est le but que je me suis fixé en rédigeant
cet ouvrage : proposer une lecture critique des usages d’Internet
en analysant des thématiques qui sont relativement peu traitées ou
bien en posant des questions que l’on ne se pose plus du tout, tant nous
nous sommes approprié les nouvelles technologies qui font désormais
partie intégrante de notre quotidien. Il faut se réjouir de la massification
des usages d’Internet en France car cet outil recèle déjà des joyaux
inestimables, mais il ne faut pas pour autant baisser la garde et perdre
tout esprit critique face aux services innombrables qui ne manquent
pas d’apparaître tous les jours. L’objectif assigné est en fait extrêmement
simple : passer au crible les usages quotidiens d’Internet de
manière à faire remonter à la conscience tous les enjeux que la banalisation
des pratiques nous empêche de voir clairement.
Pour autant, on ne traitera pas de tous les maux d’Internet et, par
exemple, on ne parlera pas des prédateurs sexuels qui hantent les
forums à la recherche d’adolescents et dont les journaux se font régulièrement
l’écho. Cet aspect d’Internet existe et il faut évidemment le
combattre, mais ce n’est pas mon propos. De la même manière, je
n’évoquerai pas non plus les problèmes de la cybercriminalité
(phishing, fraude à la carte bancaire, hacking et autres joyeusetés).
Encore une fois, il n’y a pas lieu de minimiser les problèmes relatifs à la
sécurité informatique, mais ils ne font partie de mon champ d’investigation.
Ce qui m’intéresse ici est à mes yeux quelque chose d’encore
plus affreux, même si cela frappe moins les esprits et ne fait pas la une
du 20 heures. Il s’agit de quelque chose de beaucoup plus insidieux et
qui aura sans doute plus de conséquences néfastes ; en fait, si nous n’y
prenons pas garde, nous allons tout simplement détruire notre modèle
culturel qui est en train de subir de tels assauts qu’il menace de s’effondrer.
Le propos peut paraître excessif, mais je reste persuadé que mes
craintes sont légitimes et, en tant que parents ou pédagogues, nous
devons nous demander si nous n’avons pas joué à l’apprenti sorcier
avec cet outil qu’est Internet. Car le problème est bien celui de nos
enfants : quel modèle culturel allons-nous leur léguer avec Internet ?
Quelle représentation de la connaissance allons-nous promouvoir ?
L’objet de ce livre est finalement de montrer que l’utilisation irraison-