Le langage - La sématique - page 2
que les images et les mots d’objets ou d’action sont à l’origine de nos connaissances. Cependant cette hypothèse est intéressante pour les concepts complexes qui sont peut-être des agglomérats de concepts plus simples. Dedre Gentner (1975), du laboratoire de Donald Norman à San Diego, a procédé à une analyse de verbes d’une même famille et a observé l’ordre d’acquisition de ces mots. À partir de verbes primitifs comme DONNER et PRENDRE, s’ajoutent des sens supplémentaires (les traits), par exemple, l’idée d’un transfert : m DONNER + l’idée d’un transfert contre un objet = ÉCHANGER m DONNER + l’idée de l’argent = PAYER L’addition d’autres traits, comme l’idée de négociation, générerait des verbes plus complexes comme ACHETER, VENDRE, DÉPENSER. Les enfants doivent commenter ce que font des poupées représentant Ernie et Bert (marionnettes de la série télévisée Sesame Street). L’analyse des mots produits indique bien une diminution avec l’âge des verbes élémentaires (« prendre » et « donner ») et un remplacement progressif par des verbes plus complexes mais plus spécifiques, comme « vendre ». Le marquage sémantique Freud avait remarqué que les négations et les contraires n’apparaissent jamais dans les rêves, et c’est l’expérimentation en sémantique qui semble confirmer ces observations. Eve Clark, Patricia Carpenter (1974) ont montré avec différentes techniques, temps de jugement, mémoire, que les adjectifs contraires sont inégaux sur le plan sémantique : l’adjectif positif, « grand, rapide, etc. » est plus rapidement compris ou plus facilement rappelé que son contraire, en général négatif, « petit, lent ». L’idée a donc été émise que l’adjectif négatif existe sous forme du concept positif corrigé par un trait indiquant le contraire, le marqueur (le nouvel adjectif est dit « marqué ») ; l’accès plus lent et la moindre disponibilité en mémoire s’expliquent alors par le fait que l’adjectif contraire est plus complexe structurellement que l’adjectif positif : il correspond au noyau sémantique plus un marqueur sémantique négatif. On observe d’ailleurs couramment chez l’enfant l’utilisation du même adjectif pour signifier une idée et son contraire (« j’ai chaud » pour dire « j’ai froid »).