comme le soleil par deux ronds concentriques. Mais
l’usage a retenu des dessins de mots monosyllabiques
pour coder des éléments phonétiques : par
exemple, le dessin du soleil se prononçant « Rê » (le
dieu du soleil) a été utilisé par la suite pour la syllabe
« ré ».
Les hiéroglyphes sont donc un langage mixte à la fois
pictographique et phonétique, un rébus au sens
strict du terme. La difficulté du déchiffrement, réussi
par Champollion, est de découvrir si un dessin a une
valeur pictographique ou phonétique dans le
contexte ; le dessin signifie-t-il, par exemple, le son
« Râ » ou le Dieu solaire ? Une suite de hiéroglyphes
pourrait ainsi être traduite par : « Tu es beau comme
un Dieu », ou : « Tu es fait comme un rat »…
2. Langage, image
et spécialisation hémisphérique
L’aphasie
Le cerveau est constitué de deux hémisphères cérébraux reliés entre eux
par d’énormes réseaux de « câbles », les corps calleux, les commissures
antérieures et postérieures et le chiasma (pour les parties les plus visibles
anatomiquement ; Sperry, 1964). Le câblage des voies nerveuses a ceci de
particulier que les voies controlatérales (allant dans l’hémisphère opposé)
sont dominantes par rapport aux voies ipsilatérales (restant du même
côté) de sorte que tout est inversé : ce qui est présenté dans le champ visuel
droit est traité par l’hémisphère gauche qui commande également les
membres droits.
Inversement, l’hémisphère droit gère tout ce qui se passe à gauche. La spécialisation
hémisphérique chez l’homme a suscité un très grand nombre
de recherches, tant en neurologie chez des sujets qui ont une atteinte des
corps calleux ou qui ont subi une opération dans cette région, qu’en psychologie
chez les sujets normaux à l’aide de techniques spéciales. Le
résultat le plus stable dans ce domaine est la dominance de l’hémisphère
gauche, chez les sujets droitiers, pour le traitement du langage articulé ;
résultat souvent démontré depuis la célèbre observation de Broca sur
l’aphasie (1865, Penfield et Robert, 1949, etc.) montrant qu’une lésion
importante dans l’hémisphère gauche entraîne une incapacité de parler et
souvent une paralysie plus ou moins importante de la partie droite du
corps (hémiplégie droite).
Il faut cependant noter que la dominance hémisphérique ne concerne vraiment
que la production du langage et que les recherches sur les patients
au cerveau dédoublé (par une section ou une atteinte pathologique des
commissures interhémisphériques) sont capables de compréhension à la
fois au niveau de l’hémisphère gauche et de l’hémisphère droit (Gazzaniga,
1970). Quand à l’image, elle semble être traitée des deux côtés du cerveau
(Ehrlichman et Barret, 1983 ; Lieury et Le Nouveau, 1987 ; Figure 7.7).