ou imitation ; l’enfant désigne par le même son ou mot plusieurs objets,
c’est le phénomène de généralisation : « grrr » va désigner les animaux,
« cola » désigne « chocolat, biberon, lait, etc. », « voiture » va désigner « voiture,
bateau, vélo, avion »…
Depuis Galton, on sait que des mots en associent d’autres (cf. chap. 4), et
les behavioristes ont particulièrement insisté sur cet aspect qui leur paraissait
la nature même du langage. Cependant, la contiguïté étant une condition
nécessaire dans les apprentissages associatifs (supra, chap. 3) pour les
behavioristes, les associations les plus fréquentes devraient être des relations
de co-occurrence c’est-à-dire correspondre à des mots qui se suivent
dans la langue, « colère-noire, neige-ski… » L’étude génétique du développement
des associations montre en fait que les associations ne sont pas les
mêmes chez l’enfant et chez l’adulte (Woodworth, 1949). Chez l’enfant, les
associations fréquentes sont souvent des co-occurrences : table-manger,
homme-travail, sombre-nuit, ce qui est conforme aux mécanismes associatifs,
mais chez l’adulte, ce sont des relations de similitude et d’opposition
qui dominent : table-chaise, homme-femme, sombre-lumière, etc. Ce changement
a été étudié par les psycholinguistes qui y voient une modification
des processus de représentation. David Mc Neill (1966) fait l’hypothèse
que ce changement est permis par l’acquisition des propriétés conceptuelles
des mots qui permettent de faire des catégories générales.
Les associations sont donc vraisemblablement acquises au début du langage
par des mécanismes d’apprentissage associatif, mais des mécanismes
d’analyse sémantique se développent avec l’âge et changent la nature des
associations. Celles-ci semblent refléter pour l’essentiel des catégories qui
préparent l’émission des mots dans le langage, par exemple en diminuant
le temps de recherche d’un mot.
3. La théorie de l’information
Shannon et Weaver (1949) ont révolutionné les conceptions des systèmes
de communication en montrant que l’information est indépendante
de ses apparences, codages différents, mais elle se caractérise par les incertitudes
qu’elle permet de lever ; par temps sec, prévoir qu’il fera beau, n’apporte
pas beaucoup d’informations ; donner le mot « rose » apporte moins
d’information si l’on définit au préalable la catégorie des fleurs. Les recherches
de Shannon et Weaver, en grande partie pour les communications
téléphoniques, les amènent à proposer de quantifier l’information par une
fonction logarithmique du nombre d’éventualités. La quantité d’information
augmente mais de plus en plus lentement en fonction du nombre
d’éventualités possibles.
Cette approche a stimulé un grand nombre de recherches qui ont conduit
en particulier à la description statistique du langage.