m stade 3 : la description est plus du point de vue de l’agent que du
patient pour garder une forme active ; et à l’induction passive les
enfants répondent par exemple : « La tasse tombe parce que Marianne
a renversé la tasse » ; il n’y a pas de pronoms à ce stade ;
m stade 4 : ce n’est qu’à ce stade que l’inversion se fait au moyen du
même verbe : « La tasse a été renversée par Marianne ».
L’évolution génétique des transformations indique
donc une interdépendance entre la sémantique de
la phrase et la forme syntaxique et l’on constate
que les enfants, en particulier du stade 2, privilégient
la sémantique au point de préférer un changement
de verbe « Lucienne est tombée » plutôt
que d’opérer une transformation syntaxique. L’analyse
sémantique précède donc probablement tout
autre type d’analyse.
Mais depuis Molière, on sait que la compréhension
résiste à bien des bouleversements syntaxiques :
« D’amour, belle Marquise, mourir, vos beaux yeux,
me font. »
5. La sémantique
Les catégories, les traits sémantiques et le marquage semblent être les
bases de l’organisation sémantique (supra, chap. 4). Mais il existe des organisations
plus élevées, de séquences de mots entre eux, par exemple les
scripts et même des « macrostructures » qui conduisent aux textes.
Les catégories
Depuis Collins et Quillian (1969), on s’est intéressé à la genèse des catégories
comme la base de la représentation des connaissances (Gérard, 1974).
Dans cette perspective, G. Bramaud du Boucheron (1981) a réalisé de
nombreuses expériences, utilisant le « jeu » de l’intrus par exemple pour
connaître l’évolution de l’étendue des catégories conceptuelles (Figure 7.3).
L’intrus est d’autant plus aisément identifié que la distance sémantique
entre l’intrus et les autres mots est grande :
par exemple, l’intrus de « tomate-concombrelivre
» est trouvé dès l’âge de 4-5 ans alors
que l’intrus dans « yaourt-crème-galette »
n’est vraiment détecté que chez les 7-8 ans
car la catégorie de niveau 3 est commune,
les desserts.
Les traits sémantiques
Plusieurs chercheurs ont fait l’hypothèse
que les concepts sont des complexes de
traits sémantiques (Meyer, 1970 ; Le Ny,
1976), les traits étant des propriétés ou des
constituants essentiels. À vrai dire une telle
Jean-Baptiste Poquelin, dit Molière (1622-1673)
Figure 7.3 – Exemple de hiérarchie catégorielle des connaissances
enfantines (adapté d’après Bramaud du Boucheron, 1981).