Interview

Netbrain - planète numérique
Denis Ettighoffer


« Nous devons comprendre ce que valent nos patrimoines immatériels. »

A l'aube d'une féroce compétition entre pays savants, la France doit mieux valoriser sa matière grise. C'est en tout cas l'opinion de Denis Ettighoffer auteur de Netbrain, la bataille des nations savantes. Un livre sur un futur déjà très actuel...

Dans une économie de « libre circulation des connaissances » comme il aime la définir, Denis Ettighoffer s'inquiète de l'influence de la France et de l'état de sa recherche fondamentale.

« Le secteur public consomme les deux tiers du budget alloué à la recherche et, produit 9 % des brevets déposés », déplore-t-il. « Il ne s'agit pas de remettre en cause la qualité de nos ingénieurs ou notre capacité à avoir des idées, précise-t-il, mais plutôt de revoir complètement la façon dont nous promouvons nos idées et celle dont nous vendons nos brevets. » En s'inspirant peut-être de l'exemple canadien. Depuis plus de vingt ans, de prestigieuses universités québécoises comme celle de Laval, font appel à des traders du savoir (Univalor, Solar, MSBi) pour valoriser leur recherche. « Dans les écoles supérieures françaises, on en est encore à se demander comment financer nos dépôts de brevets », raconte Denis Ettighoffer.

« Nous devons comprendre ce que valent nos patrimoines immatériels. Lorsqu'on demande à un chef d'entreprise « combien tu vaux ? », il ne pense qu'en termes d'actifs et ne sait pas que ses brevets valent de l'argent », poursuit-il. Faire du business avec notre R&D ? Là encore, la réponse devrait venir de l'étranger. Sur Internet, des bourses du savoir permettent aux entreprises d'acheter les bonnes idées des internautes et de prestigieux brevets sont vendus aux enchères. La plupart du temps sans les Français.



© DUNOD EDITEUR, 25 Janvier 2008